Francis Galton tout d'abord, Arthur Batut ensuite, se proposèrent de
créer des types composites par occultation des particularités
individuelles. D'un problème de repérage de traits communs supposés
significatifs (en matière criminelle ou psychiatrique), l'ambition
d'Arthur Batut évolua vers le développement "d'un procédé scientifique
d'enregistrement d'analogies physiques [et] non intellectuelles".
En 1887, Arthur Batut décrit le procédé dans un opuscule "La
photographie appliquée à la recherche et à la reproduction du type"
ainsi que dans diverses notes manuscrites: tous les portraits sont
exécutés de face, les épreuves sont repérées en se basant sur les yeux,
les portraits sont reproduits sur la même plaque avec un temps de pose
normal divisé par le nombre de portraits.
Quelles sont les interrelations entre le discours de l'anthropologie,
en tant que discipline scientifique, et les dispositifs expérimentaux
dont elle use ? Arthur Batut n'est pas un théoricien, mais un praticien.
Il forge un outil et cherche ensuite à l'appliquer, non l'inverse.
En faisant la promotion du portrait-type, Arthur Batut fut amené à des
considérations anthropologiques bien qu'il ne soit pas impliqué
directement dans la discipline. Sa recherche porte bien sur "le lien de
la race", c'est-à-dire la quintessence formelle d'une population. En
creux, ce sont des spéculations sur le métissage de certains groupes,
par rapport à d'autres considérés comme des types purs.
Cette vision statique de l'histoire et ces présupposés étroits sont
aujourd'hui démentis par ce que l'on sait de la dynamique des
populations.