A une ingénue

Dans la nuit native de ta noire tignasse
Un bestiaire astral te berce, et tu t'endors.
La lune referme aux flancs laiteux de ton corps
Ses lourds replis de soie. Le rêve alors t'enlace

Vers un jardin sauvage aux frissons de fruits mûrs
Ou le silence d'une aube aux parfums d'orange.
Puis tu te changes en une phalène étrange
Qui vole outre-songe sur ses voiles d'azur.

A la fenêtre, ouverte aux langues du soleil
Qui me léchait le cuir dans un demi-sommeil
La phalène toqua, stimulant l'interstice

Du matin, désirs et torpeur amalgamés.
Oh ! que la faille par laquelle ma lectrice
S'immisce en ce sonnet, reste ouverte à jamais.



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