Mostar

J'aurais voulu mettre des scellés sur mon cœur,
Être sourd. Mais certains fers saignent le silence,
Les cris gargouillent sous la dague du malheur
Qui roule aux ravines son fleuve d'innocences.

Le Vieux Pont soutenait la tension d'un désir,
C'était le rossignol dans l'aube qui tressaille,
L'épilepsie du corps au plus haut des plaisirs,
C'était la courbure de l'arc dans les batailles.

Un persécuteur de la beauté l'a détruit
D'un simple coup d'obus un jour de pur ennui.
J'ai vu du jus de mûre aux barbelés si hauts,

Des nuits d'améthyste quand rêve et peur s'engomment,
L'incongrue splendeur du béton à fleur de peau.
J'ai trébuché vivant dans la douleur de l'homme.



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stari most